On ira tous au paradis... fiscal

Publié le par Stopbankstersparadise

Au sommet du G 20, le premier avril 2009 (curieuse date !) les Maîtres du Monde ont décidé de colorier les paradis fiscaux. En noir, en gris, en blanc. Pourquoi pas en bleu ou en vert tant qu’ils y étaient ? La belle affaire !
Il s’agissait, paraît-il, de stigmatiser les états tricheurs. Le plus souvent ces mini ou micro républiques à l’économie malsaine et à l’attitude obscène. Offrant un sanctuaire aux tricheurs. Refusant de collaborer avec les services fiscaux des grandes puissances. S’opposant ainsi aux règles saines, aux profits justes et au fonctionnement loyal d’un capitalisme vertueux.
Avec cet oxymore inoxydable, on allait mettre aux pas les profiteurs inciviques et les odieux spéculateurs !

 














Les principes de l’OCDE
L’Organisation de Coopération et de Développement Economique est une sorte de conseil économique et financier pour les pays démocratiques et à économie de marché, en principe exempts de corruption. Elle tient à peu près son rôle malgré quelques adhérents douteux comme la Grèce, le Mexique ou la Turquie. Mais passons...
Cet aréopage qui se voudrait un parangon des bonnes manières en matière économique a quand même une éthique à sens unique. Ainsi préconise-t-il la productivité sauvage et la déréglementation du marché du travail. Nobody is perfect.

Néanmoins, pour complaire à ses principaux adhérents, comme les USA, le Royaume Uni, la France et le Canada, l’OCDE condamne les paradis fiscaux.
Un paradis fiscal, c’est mal. Et à quoi reconnait-on le méchant paradis fiscal ?
Il se caractérise par un niveau d’imposition très faible ou nul, une absence de transparence bancaire et un refus de collaborer avec les limiers de la finance internationale.
Après tout pourquoi pas ? Ces critères paraissent raisonnables.

Le problème est que les USA, le Canada, la Grande Bretagne et la France ont leurs propres paradis fiscaux et les protègent !
 
Le summum de l’hypocrisie
 
On peut se demander si le principal objectif de la guerre contre les paradis fiscaux ne serait pas de mettre à genoux des concurents gênants comme Hong Kong, Singapour, le Libéria, la Suisse ou le Vanuatu... Afin d’avantager ses propres structures. Au profit de ses propres ressortissants privilégiés ou de leurs amis cosmopolites. Vu qu’on offre à peu près les mêmes avantages.
En empochant au passage, comme lots de consolation, les dividendes de la fraude vermiculaire (tout est relatif !)
 
Les Américains ont le Delaware :
 
Petit état coincé entre le New Jersey et le Maryland, le Delaware est considéré par l’ONG Tax Justice Network comme le premier paradis fiscal sur terre.
Ainsi une multinationale qui y installe son siège pour exercer ses activités dans le reste du monde ne paiera que 500 US $ d’imposition maximale par an.
Un peu ridicule notre Sarko national avec son bouclier fiscal !
Quant à ceux qui ne font pas uniquement de l’offshore, la tranche maximale d’impôt sur le revenu est de 5,95 %. La TVA n’existe pas, ni aucune autre taxe d’ailleurs. Quant à l’impôt sur le chiffre d’affaires, il oscille entre 0,096 % à 1,92 %.
Curieusement, le Delaware ne figure pas sur la liste de l’OCDE.
Obama devait avoir la tête ailleurs, le premier avril 2009.
 
Au Canada, merci mon dieu !
 
Nos cousins sont des veinards. Dieu est avec eux, pas jaloux de la concurrence.
En effet, leur pays est un paradis sur terre pour les associations religieuses et sectes de tout poil. Lesquelles, s’abritant derrière le paravent de la spiritualité peuvent exercer les activités les plus lucratives à travers le monde. La bonne parole, ça n’a pas de prix !
Exemptées d’impôts sur le revenu comme d’impôts locaux, ces associations de bienfaiteurs peuvent en outre recevoir sans frais toutes sortes de dons.
Le Québec héberge ainsi pas moins de 15.000 gurus-businessmen. Alléluiah !
 
Les Britanniques entre brumes et cocotiers :
 
Sous les tropiques, les Bermudes, les îles Caïman, les British Virgin Islands côtoient quelques autres confetti des Caraïbes restés attachés à la Couronne. Des endroits où, le moins qu’on puisse dire, l’impôt est rare, discret et indolore. Et les autorités peu curieuses sur la provenance des fonds.
On y trouve des tas de sociétés bizarres installées dans des boîtes aux lettres. Des banques personnelles et des compagnies maritimes éphémères. Sans comptabilité ni dirigeants identifiables. Aux activités parfois factices ou indéfinissables.
Sans doute mériteraient-ils de figurer sur la liste noire.
Mais ils sont en gris clair.
Parce qu’ils ont fait des promesses de bonne conduite ?
Tout comme Gibraltar et les Anglo-Normandes. Moins exotiques.
Mais pas moins propices à la création de coquilles vides pour y faire glisser de juteuses activités et en récupérer discrètement les bénéfices.
 
Je sais bien que les altermondialistes et autres écolo-activistes fustigent les requins des multinationales et les négriers de la délocalisation qui utilisent ce genre de facilités.
Ils ont sans doute quelques bonnes raisons.
Mais ils oublient juste que, dans leurs rangs, des auteurs, des compositeurs, des acteurs, des metteurs en scène, des sportifs évitent de payer des impôts en cèdant fictivement leurs droits d’exploitation ou leur droit à l’image à des "trustees" (hommes de paille et sociétés fantômes) installés dans ces paradis là.
Un double discours auquel on ne fait plus attention. On le trouverait presque normal puisque provenant de gens qui pensent bien, et délivrent pompeusement leurs leçons de morale "républicaine" à la télé. Entre deux promos et en parfaite bonne conscience. Bien évidemment.
 
France état de droit ? Ou de passe-droits ?
 
En Polynésie française, il n’existe ni impôt sur le revenu, ni ISF ni droits de succession. Tout à fait légalement bien entendu. La vie au bord du lagon est si dure, si pénible... Il faut bien quelques compensations !
 
A côté de la Polynésie, la Corse fait figure de purgatoire fiscal avec seulement une exonération des droits de succession pour les particuliers, et des réductions ou exonérations de taxes foncières. Et pour les entreprises, des impôts et des charges sociales "allégés" par rapport au continent, une TVA à taux réduit, et l’exonération du droit de licence pour les débits de boissons et le transport des boissons alcoolisées, ou encore l’exonération de l’impôt sur les spectacles, et l’exonération de la taxe à l’essieu.
 
A côté de ces îles de vacances, l’archipel des Kerguelen ne soutient pas la comparaison.
Mais ces terres australes françaises ne sont pas très regardantes sur l’octroi de pavillons de complaisance à des navires douteux qui exploiteront sans vergogne des marins philippins, indiens ou javanais.
Un bon truc à savoir pour les riches : les yachts à partir de 24 m peuvent eux aussi bénéficier de ce pavillon. Et leurs propriétaires échapper ainsi à divers tracas fiscaux.
C’est toujours ça de pris aux pauvres !

Le paradis vous tente ?
 
C’est facile. Tout le monde y a droit. A condition d’être riche.
On nous dit que dans le monde de demain, il n’y aura plus que des très riches et des très pauvres. Des prédateurs et des proies. Des grands décideurs et des pantins robotisés.
Prenez donc une bonne résolution pour 2010 et décidez de devenir riche ! Entre le loto, le foot, les reality shows et les télé crochets, ce ne sont pas les occasions qui manquent !


Source :
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/on-ira-tous-au-paradis-fiscal-67254






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